L’acné est une des dermatoses les plus fréquentes de la population humaine. Elle implique toujours un phénomène d’hyperséborrhée.

L’hyperséborrhée est une sécrétion excessive de sébum, une substance sécrétée par les glandes sébacées, protégeant la peau des agressions microbiennes et lui permettant de ne pas se dessécher.

Lorsque les fonctions physiologiques se déroulent normalement, les glandes sécrètent juste la quantité de sébum nécessaire pour l’organisme. Mais lorsque ces fonctions se dérèglent, il peut se produire une augmentation de l’activité de la glande sébacée. Elle sécrète alors le sébum en excès et on parle d’hyperséborrhée. C’est cette hyperséborrhée qui est à la base de la mise en place des différentes lésions de l’acné.

Il existe plusieurs variantes d’acné, différant essentiellement par le degré d’évolution.

On peut généralement faire deux types de classifications : les formes cliniques et les formes étiologiques.

Formes cliniques de l’acné

Dans cette classification, nous pouvons notamment distinguer acné hormonale, rétentionnelle, inflammatoire, kystique, nodulo-kystique, conglobata ou encore fulminante.

Acné hormonale

De manière générale, tous les types d’acné sont des acnés hormonales.

Ceci s’explique par le phénomène à la base même de l’acné : c’est une inflammation du follicule pilo-sébacé. Ce dernier est constitué d’une glande sébacée à laquelle est associé un poil.

Il est bon de se rappeler que toutes les activités physiologiques ne sont pas coordonnées par le même centre physiologique.

Ainsi, alors que certaines sont sous le contrôle du système nerveux, d’autres sont contrôlées par les hormones. Les activités physiologiques directement sous le contrôle nerveux sont remplies d’organes pourvus de nombreux nerfs.

Or, lorsque l’on examine les glandes sébacées, l’importance des nerfs est moindre.

De plus, des études ont montré que l’augmentation de l’activité des glandes sébacées conduit à une augmentation des hormones, notamment sexuelles.

Aussi, les glandes sébacées sont sous l’influence des androgènes (hormones sexuelles virilisantes).

Ces constats permettent donc d’inférer que la mise en place et le développement de l’acné sont plus probablement sous contrôle hormonal.

Acné rétentionnelle

L’acné rétentionnelle est la forme la plus simple de l’acné. Ici, il n’y a encore aucune complication. Elle se caractérise par une hyperséborrhée associée à des lésions rétentionnelles que l’on appelle comédons ouverts et microkystes.

Les comédons ouverts sont des petits points noirs pouvant facilement s’expulser par une simple pression des doigts. Alors, un liquide jaunâtre — mélange de sébum et de kératinocytes — sort et laisse un orifice qui, à nouveau, ne tardera pas à se remplir. L’expulsion peut également se faire de façon spontanée et il est rare que ces comédons soient le siège de phénomènes inflammatoires.

Les microkystes ou « points blancs » sont de petites élevures blanches semblables aux comédons ouverts. Également appelés comédons fermés, ils s’expriment par le bombement de la peau au milieu duquel une zone pâle se forme.

Acné inflammatoire

L’acné inflammatoire est une forme évolutive de l’acné due à l’inflammation des follicules pilo-sébacés. Ladite inflammation est causée par l’espèce bactérienne Propionibactérium acnes — bactéries contenues dans le sébum — qui s’accumule au sein des follicules.

Cette forme d’acné se caractérise par des lésions inflammatoires superficielles : les papules et les pustules.

Les papules sont des élevures rouges de taille comprise entre 1 et 5 mm. Elles peuvent apparaître spontanément, comme elles peuvent résulter de microkystes. Lorsqu’elles sont traitées, on assiste à leur résorption. Elles peuvent conduire à des pustules si elles ne sont pas traitées à temps.

Les pustules ont une taille légèrement supérieure aux papules et contiennent un liquide purulent jaunâtre. Lorsqu’elles ne sont pas traitées à temps, les pustules peuvent également donner naissance à des nodules (lésions inflammatoires graves.

Acné kystique

L’acné kystique est l’une des formes les plus douloureuses de l’acné. Elle peut être très difficile à traiter et nécessite forcément l’avis d’un dermatologue. À ce stade l’infection des bactéries a évolué.

Il s’agit en réalité d’une acné caractérisée par les lésions pustuleuses visibles à la surface de la peau et d’autres lésions chroniques appelées kystes. Ces derniers sont des sortes de comédons encapsulés (des lésions susceptibles d’évoluer vers un abcès) qui se développent dans les couches profondes de la peau.

Les kystes sont particulièrement douloureux et font que la maladie est très difficile à supporter par les personnes atteintes. Cette localisation profonde fait qu’ils sont hors de portée des traitements habituels appliqués par voie topique, d’où la difficulté de traitement.

L’acné kystique peut laisser des cicatrices après traitement.

Acné nodulo-kystique

Il s’agit là d’une acné grave caractérisée par des lésions inflammatoires telles que nodules et kystes. De plus, on peut aussi noter la présence de comédons et de papules.

Ici, les lésions sont de grandes tailles : le diamètre des nodules peut dépasser les 7 mm. Les nodules peuvent donner de petits abcès douloureux qui laissent des cicatrices définitives.

L’acné nodulo-kystique débute comme une acné ordinaire, mais peut s’étendre progressivement au cou, à la poitrine, au dos, aux fesses, etc.

Acné conglobata

L’acné conglobata est une forme extrêmement sévère d’acné caractérisée par des comédons, des papules et des pustules. On note également la présence de nombreux nodules, de kystes et même de profonds abcès : c’est ce qui fait la gravité de la forme conglobata.

Il se produit l’apparition des lésions rétentionnelles qui évoluent vers les diverses lésions chroniques laissant des cavités (des tunnels suppuratifs et fistulisés). Celles-ci vont laisser des cicatrices (atrophiques et chéloïdes) inesthétiques sur la peau.

Les lésions de l’acné conglobata apparaissent essentiellement au niveau du visage, du dos, des épaules ou encore de la partie supérieure du thorax. Cette forme d’acné se voit principalement chez les jeunes hommes.

Acné fulminante

Cette forme d’acné est la plus grave de toutes. Bienheureusement, elle est très rare. De façon générale, son apparition est brutale et se fait chez des sujets de sexe masculin entre l’âge de 15 et 30 ans.

Elle est caractérisée par de nombreux nodules inflammatoires et suppuratifs qui évoluent vers des ulcérations nécrotiques.

Elle se manifeste par une hyperthermie — une élévation de la température allant jusqu’à 40 °C — associée à des douleurs articulaires et à une forte augmentation passagère du nombre de globules blancs (hyperleucocytose).

En raison de la gravité de l’acné fulminante, sa prise en charge nécessite une hospitalisation et des traitements spécifiques.

Formes étiologiques de l’acné

En ce qui concerne les formes étiologiques, on peut distinguer :

Acné néonatale et infantile

Il s’agit d’une acné transitoire n’ayant généralement pas besoin d’un traitement particulier. Elle se manifeste par des lésions pustuleuses, des comédons fermés et parfois quelques comédons ouverts au niveau du front, des joues ou du menton.

Elle est développée par environ 20 % des nouveau-nés, essentiellement des garçons. Cette acné est due à l’imprégnation hormonale maternelle.

Acné iatrogène

Cette forme d’acné est due à certains médicaments pérennisant l’acné ou faisant apparaître des lésions chez les sujets à risque.

Ainsi, certains des médicaments à l’origine de cette acné sont les stéroïdes (corticoïdes, anabolisants), les médicaments à base d’iode ou brome, ou encore certains contraceptifs œstro-progestatifs.

Dans le cas de cette acné, les éruptions iatrogènes présentent un aspect plus monomorphe — essentiellement papules et pustules — que les acnés pérennisées.

Acné exogène

Il n’est pas rare de remarquer cette forme d’acné chez les garagistes, les fraiseurs, les mécaniciens… : essentiellement des métiers où les personnes atteintes sont en contact avec des huiles minérales très comédogènes.

En effet, cette forme d’acné se développe suite à une exposition à des hydrocarbures aromatiques.

Il est ainsi possible de citer la chloracné (ou acné chlorique). Elle peut être provoquée en milieu industriel par des bisphénols, des polyhalogénés ou des naphtalènes, mais également par des dioxines au cours d’une contamination accidentelle.

Dans le cas de la chloracné, les débuts consistent en des lésions comédoniennes qui s’étendent vers d’autres parties du corps. Les kystes et les lésions inflammatoires peuvent apparaître après.

Un autre exemple serait les acnés aux cosmétiques causées par des huiles végétales concentrées ou des paraffines semi-fluides. Bien qu’existant, ce type d’acné aux cosmétiques est assez rare de nos jours.

Acné excoriée

Cette forme d’acné se diagnostique presque exclusivement chez les femmes. Elle s’installe à la suite de manipulations de lésions acnéiques minimes.

En effet, de nombreuses femmes ne supportent pas la moindre lésion acnéique et vont s’acharner sur tous les boutons faisant leur apparition. Ainsi, elles vont frotter, gratter, presser entre leurs doigts… jusqu’à une aggravation.

Il s’agit d’un comportement reflétant le plus souvent des troubles de la personnalité : les sujets étant bien conscients qu’ils aggravent les lésions, mais ne peuvent s’empêcher de les manipuler.

Acné révélant une endocrinopathie

En règle générale, les anomalies endocriniennes ne sont pas à la base de l’acné.

Cependant, l’acné peut parfois révéler des endocrinopathies.

Ce genre de cas est parfois suspecté lorsqu’une acné féminine grave résiste aux traitements ou lorsqu’elle s’accompagne de signes d’hyperandrogénie tels que l’hirsutisme, le trouble des règles, la chute des cheveux, etc.

Dans ces cas, il est important de réaliser un bilan hormonal de la personne atteinte.

Acné tardive de la femme

Il s’agit ici d’acné présente chez la femme après l’âge de 25 ans. Elle pourrait soit être le cas d’une acné juvénile s’étant prolongée à l’âge adulte — ou même d’une rechute d’acné juvénile —, soit être tout simplement une acné débutant plus tard.

Dans de tels cas, une recherche de cause hormonale est effectuée afin de trouver, le plus souvent, des signes d’hyperandrogénie.

Si ces recherches sont confirmées, il est nécessaire d’effectuer un bilan hormonal (comme dans les cas d’acné révélant une endocrinopathie).

La rosacée

Entité pathologique bien distincte de l’acné, la rosacée est une dermatose faciale de sévérité variable affectant en général les adultes d’âge moyen — entre 40 et 60 ans.

Elle se caractérise par une érythrose et des télangiectasies (couperose) s’associant plus tard à des pustules.

Facilement confondue avec l’acné, la rosacée est une dermatose bien distincte, avec des causes et des mécanismes physiopathologiques différents.

Pour les différencier, la rosacée se caractérise par l’absence de lésions rétentionnelles, puisque la séborrhée n’intervient pas dans son installation.

  • L’érythrose est un ensemble de rougeurs pouvant apparaître sur le corps et devenant permanentes au fur et à mesure de l’évolution de la maladie.
  • La couperose (ou télangiectasies) consiste en des vaisseaux sanguins dilatés visibles sur le visage. Ces lésions rendent la peau hypersensible.

À ce jour, les causes exactes de cette dermatose ne sont pas connues. En revanche, plusieurs facteurs aggravants ont été déterminés. Au nombre de ces facteurs, il est possible de citer les températures élevées et basses, la consommation de l’alcool, l’exercice physique, l’exposition solaire, le stress…

La rosacée se manifeste sous diverses formes. On en distingue principalement quatre : la forme vasculaire, la forme papulo-pustuleuse, la forme hypertrophique et les atteintes oculaires.

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