L’acné est certainement la maladie de la peau la plus courante dans le monde. 80 % des adolescents et près de 25 % des adultes sont touchés par cette pathologie.

Cette dermatose inflammatoire du follicule pilo-sébacé existe sous plusieurs formes. Celles-ci se distinguent par les processus induisant leur mise en place.

L’acné rétentionnelle est l’une des nombreuses formes d’acné existantes.

Elle pourrait simplement se définir comme une accumulation excessive de sébum dans les follicules pilo-sébacés. Ceci est la conséquence d’une hyperséborrhée et d’une kératinisation.

Hyperséborrhée

L’hyperséborrhée désigne une sécrétion excessive de sébum. Cette sécrétion se fait essentiellement dans les zones comme le visage, la partie centrale du dos ou encore la face inférieure du thorax…

La composition du sébum

La composition chimique du sébum ©thescienceofacne.com

Le sébum est un film huileux dont le rôle est de protéger la peau contre les agressions extérieures et les dessèchements. À un taux normal, il confère une bonne souplesse à la peau.

L’entretien et le déclenchement du sébum sont assurés par la dihydrotestostérone.

Cette molécule se produit dans les glandes sébacées à partir de la testostérone, sous l’action de la 5α-réductase de type 1.

Lorsqu’il y a sécrétion de sébum par les glandes sébacées, le canal pilaire doit normalement permettre au sébum sécrété de s’écouler pour aller recouvrir la peau, où il joue normalement son rôle de protection.

Deux notions sont à observer lors de l’élaboration du sébum : la sécrétion et l’excrétion.

La sécrétion désigne l’élaboration à proprement dite du sébum ; autrement dit, le débit de sébum élaboré transitant par le canal excréteur de la glande sébacée pour se retrouver dans l’infundibulum.

L’excrétion désigne, quant à elle, la quantité de sébum s’écoulant par l’orifice pilo-sébacé après avoir subi les modifications de l’infundibulum.

Toutefois, lorsqu’il y a acné, le canal pilaire se bouche, ce qui provoque une accumulation du sébum élaboré et l’encombrement du canal par le sébum ainsi accumulé.

Conséquence, on note l’apparition de deux types de lésions : les comédons ouverts et les microkystes.

Comédons ouverts

point noir

Formation des comédons ouverts (points noirs) ©rob3000/123RF

Les comédons ouverts sont les petits points noirs de taille généralement comprise entre 1 et 3 mm qui, sous pression, laissent sortir un liquide sous forme de filament.

Ce liquide est en fait un mélange de kératinocytes — une sorte de cellules formant la paroi du canal pilaire — et de sébum. La coloration noire des comédons s’explique par une oxydation de ces kératinocytes.

Cette oxydation offre des conditions favorables au développement de Propionibacterium acnes, la bactérie responsable de l’acné et susceptible de la faire évoluer sous sa forme inflammatoire.

Microkystes

Les microkystes (aussi appelés comédons fermés) sont de petites boules blanches que l’on retrouve sous la peau. Ils peuvent apparaître à divers endroits du corps, mais se retrouvent particulièrement sur la zone maxillaire, sur les tempes et sous le menton.

formation des comédons fermés (microkystes)

Formations des points blancs (microkystes) (c)designua/123RF

Ils sont le résultat d’une obstruction, par des cellules de l’épiderme, de l’orifice du canal pilaire d’un follicule pilo-sébacé.

Lorsque les glandes sébacées continuent la sécrétion de kératine et de sébum, il finit par se produire un bombement de la peau au milieu duquel une zone pâle apparaît.

Ce sont ces zones pâles qui s’aperçoivent comme des boules blanches, à cause du liquide qu’elles contiennent.

Par ailleurs, notons qu’il existe une forme particulière de microkystes appelée grains de milium. On la retrouve principalement sur les paupières : ce sont en fait des microkystes superficiels de très petite taille.

Processus de kératinisation

La kératinisation désigne l’accumulation de kératine dans les cellules épidermiques.

En effet, la mise en place des comédons est liée à un dysfonctionnement du processus de kératinisation. Ce dysfonctionnement se traduit par une hyperprolifération de kératinocytes dans le canal folliculaire, par une hyperkératose et par une rétention due à une augmentation de l’adhérence des cellules cornées.

Divers facteurs interviennent dans les mécanismes de cette prolifération accrue et de l’adhésion des kératinocytes.

Ainsi, on peut noter une anomalie du contrôle des androgènes. On remarque en effet, au niveau de la partie basse de l’infundibulum, une quantité abondante de 5 α-réductase par rapport au reste de l’épiderme. Ceci s’explique par une augmentation de l’activité des androgènes.

Cette activité excessive mène à une formation abondante de métabolites des androgènes dans les kératinocytes, ce qui interfère sur la différenciation de ces dernières.

processus de kératinisation

La kératinisation est un processus normal ©alila/123RF

Les troubles de différenciation kératinocytaire seraient également favorisés par l’augmentation, dans le canal infundibulaire, de la proportion de squalène et de cire par rapport à celle de l’acide linoléique.

En effet, lorsque l’on compare les taux d’oxyde de squalène et d’acides gras chez des sujets acnéiques et chez des sujets de contrôle, on remarque que ces taux sont plus élevés chez les sujets acnéiques.

En revanche, comparativement à la surface sus-jacente de l’épiderme, on remarque un déficit en acide linoléique dans les comédons. De plus, lors de la réaction inflammatoire du follicule, les bactéries de l’espèce Propionibacterium acnes stimulent la production de l’interleukine 1 par les kératinocytes.

Cette production s’augmente dans l’infundibulum et provoque une cornification excessive et une desquamation de l’infundibulum.

L’action de l’interleukine 1 pourrait se faire par deux mécanismes, direct et indirect :

  • Le mécanisme direct stimulerait d’autres facteurs de croissance ou ferait intervenir les récepteurs à l’interleukine 1.
  • Dans le mécanisme indirect, l’interleukine 1 jouerait le rôle d’intermédiaire entre le taux d’excrétion sébacée et le degré de sévérité de l’acné.

Traitement de l’acné rétentionnelle

acné rétentionnelle

Lésions rétentionnelles à type de comédons ouverts (points noirs) et fermés (microkystes, ou points blancs) sur le front d’un adolescent ©thamkc/123RF

Plusieurs catégories de traitements existent pour faire face à ce type d’acné. On peut distinguer, entre autres, des traitements locaux et des traitements généraux.

En ce qui concerne l’acné rétentionnelle en particulier, le traitement le plus adapté est un traitement local. Ce dernier peut parfois être aussi associé à des traitements généraux : le but étant d’arrêter le développement des bactéries.

Notons cependant que bien qu’ils aient une efficacité prouvée, ces médicaments peuvent causer une photosensibilisation.

Afin de traiter l’acné rétentionnelle, il est possible de distinguer les rétinoïdes locaux, le peroxyde de benzoyle et l’acide azélaïque.

Rétinoïdes locaux

Au niveau des rétinoïdes, nous pouvons distinguer trois molécules : la trétinoïne, l’isotrétinoïne et l’adapalène.

Ces molécules agissent essentiellement sur les microkystes et les comédons.

Trétinoïne

Encore appelée acide tout-trans rétinoïque, la trétinoïne est la plus ancienne des rétinoïdes. On peut la trouver sous forme de gel, de crème (Retin-A®, Effederm®…), ou sous forme de solution à 0,025 %, 0,05 % et 0,1 %.

Elle peut s’utiliser seule ou associée à l’érythromycine. Elle provoque, la plupart du temps, en début de traitement, des irritations qui s’atténuent lors de l’association à l’érythromycine.

La trétinoïne peut également être à la base de certaines réactions irritantes. Dans ce cas, une diminution de sa quantité, de sa concentration ou de son rythme d’application peut aider.

Isotrétinoïne

Lisotrétinoïne (Roaccutane®, Curacne®…) est un isomère de la trétinoïne. Ainsi, les deux molécules ne présentent pas de différence fondamentale.

Pour le traitement de l’acné rétentionnelle, l’isotrétinoïne est mieux tolérée.

On peut la trouver, entre autres, sous forme de gel à 0,05 %, associée à l’érythromycine à 2 % ou non.

Adapalène

L’adapalène est un dérivé de l’acide naphtoïque qui agit de façon semblable aux rétinoïdes. Il possède une activité anti-inflammatoire qui le rend également efficace contre l’acné inflammatoire.

adapalène

Le modèle moléculaire de l’adapalène ©molekuul/123RF

Les premiers signes d’amélioration se voient après une à quatre semaines de traitement à l’adapalène. Ce rétinoïde topique existe sous forme de crème et de gel à 0,1 % (Differine®).

Comparativement à la trétinoïne en crème à 0,05 %, l’adapalène est mieux toléré (car moins irritant) pour le traitement des acnés rétentionnelles.

Notons par ailleurs que les rétinoïdes locaux présentent des risques de tératogenèse (d’où les conditions particulières de prescription chez les femmes en âge de procréer).

On conseille souvent d’éviter d’utiliser des préparations à base de trétinoïne pendant les trois premiers mois de grossesse, même si — selon le centre de référencement sur les agents tératogènes — les données concernant les femmes enceintes exposées par voie cutanée sont plutôt rassurantes.

Peroxyde de benzoyle

peroxyde de benzoyle

Le modèle moléculaire du peroxyde de benzoyle ©molekuul/123RF

Le peroxyde de benzoyle exerce une action anti-inflammatoire et bactéricide, mais possède également une activité kératolytique modérée. Comme cela est le cas pour toutes les préparations locales, il existe quelques effets secondaires locaux.

Au début du traitement, il peut irriter le visage. Dans les cas où les personnes atteintes auraient une peau sèche, une application le soir avec une concentration faible peut diminuer cette sensation, surtout en période d’ensoleillement.

De plus, l’application d’une crème hydratante ou adoucissante peut réduire les effets secondaires.

Le peroxyde de benzoyle (Cutacnyl®, Brevoxyl®…) existe sous forme de gel, de lotion, de crème ou encore de tampon ; et à des concentrations de 10 %, 5 % et 2,5 %.

Par ailleurs, notons qu’une utilisation combinée de peroxyde de benzoyle et d’adapalène ou du peroxyde de benzoyle et de clindamycine (Duac®) améliore l’adhésion thérapeutique.

Acide azélaïque

skinoren

Le Skinoren® est une des formes commerciales de l’acide azélaïque

L’acide azélaïque est à la fois anti-inflammatoire et kératolytique. Cet acide dicarboxylique arrête la prolifération de Propionibacterium acnes et ralentit la desquamation de l’épithélium du follicule.

Dans la lutte contre l’acné, il peut soit remplacer les rétinoïdes et les antibiotiques, soit s’utiliser en combinaison avec ces derniers.

Certaines de ses formes commerciales sont Skinoren® et Finacea®.

Mots finaux

Notons également qu’il existe beaucoup d’autres traitements et médicaments pouvant être utilisés à la place des exemples que nous venons de citer.

De plus, il ne faut pas oublier que de nombreuses données interviennent dans la définition du schéma thérapeutique approprié pour combattre l’acné.

Ainsi, il est possible de prendre en compte l’âge du patient, l’étendue de l’acné, la durée d’évolution…

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